La Guerre de mouvement touchait à sa fin. Les Allemands avaient atteint la zone extrême de leurs positions et étaient maintenant prêts à payer le prix fort de nouvelles avancées alliées. Les défenses ennemies dans cette région, consistaient à un mur de béton de 7 à 10 mètres formant la 1ère ligne de fortification de la ville de Metz. Devant ce mur se trouvait un avant-poste composé de jeunes officiers fanatiques de l’école. Les attaques précédentes du régiment contre ce solide avant-poste se soldèrent par de lourdes pertes ce qui signifiait qu’il fallait fournir un effort supplémentaire pour réussir une percée. Mesurant le coût d’une telle opération avec l’avantage stratégique immédiat qu’il en résulterait, la division décida que le régiment resterait à sa position actuelle et servirait de base pour contenir d’éventuels assauts.
Les 16 jours suivants furent le théâtre de sauvages attaques d’artillerie, de mortier et de patrouilles agressives des 2 côtés, mais sans attaque majeure. En plus des tirs incessants de l’artillerie et des tirs de mortiers auxquels les hommes étaient sujet, le temps pluvieux et froid était un facteur à prendre en considération causant énormément de gêne et d’inconfort pour les hommes qui devaient s’immobiliser pendant des jours dans des trous de tirailleurs trempés par la pluie.
Dés le 1er octobre, des plans avaient été élaborés pour attaquer la Ville de Maizières-Les-Metz qui se trouvait alors au Sud-Est. La prise de cette petite ville stratégique aurait permis de prendre les positions ennemies au flanc et aurait placé le régiment dans une excellente position pour forcer le repli de la ligne fortifiée. Après avoir nettoyé et occupé le large terril juste au Nord-Ouest de la ville par les éléments du 1er et 2ème bataillon le 3 octobre, le 2ème bataillon lança son attaque contre Maizières-Les-Metz le 7 du mois. Presque la moitié de la ville fut envahie avant que la résistance ne se durcisse puis les combats se développèrent à la manière d’une guérilla urbaine. Les Allemands réalisant pleinement l’importance stratégique de cette ville donnèrent l’ordre de défendre chaque maison jusqu’au dernier homme et c’est ce qu’ils firent précisément pendant les 22 jours suivants. Mines et engins piégés se trouvaient dans chaque maison et le feu d’artillerie et de mortier se déversa littéralement jour et nuit. Chaque arme dans l’arsenal incluant des charges Satchel, des canons automatiques de 105mm et 155 mm furent utilisés contre les Allemands. Ce ne fut pas avant le 29 octobre, après que la ville soit réduite en décombres, que le 1er et 3ème bataillon réussit, suite à des assauts coordonnés, à prendre la ville et à liquider la garnison allemande. C’est au matin de cette journée que le Colonel Barth fut sérieusement blessé pendant qu’il observait la progression de l’attaque à partir de la ligne de front. Le commandement des opérations fut alors assigné au Lieutenant Colonel John H. Mason, commandant du 3ème bataillon, jusqu’au lendemain en attendant l’arrivée du Colonel Julian H. Georges qui reprit la direction des opérations.
La perte du Colonel Barth fut durement ressentie par la division entière. Son jugement, ses connaissances tactiques et ses principes de bon sens furent directement à l’origine des nombreux succès avec un minimum de pertes humaines. L’évacuation du Colonel Barth marqua la perte du plus brillant des soldats de la division.
Les combats rapprochés pour cette ville furent violents et non sans en verser le prix du sang. Durant les vingt-sept jours de la bataille, on compta 552 victimes, dont 51 morts. Les pertes ennemies en troupes d’élites tombées dans la région de Metz furent supérieures. À ce moment, la ville forteresse de Metz était lourdement assiégée par d’autres divisions de la 3ème Armée du Général PATTON et la résistance ennemie à l’ouest de la Moselle était en train de subir une rapide élimination.
Le 1er novembre, le régiment fut remplacé par le 377ème régiment de la 95ème Division d’Infanterie et se repositionna à Mercy-le-Bas pour une courte période d’entrainement et de réhabilitation. Ce renfort fut bien mérité pour les hommes qui occupèrent continuellement les postes de 1ère ligne pour une période de plus de 60 jours.
Le temps pluvieux et extrêmement froid de la nuit du 7 novembre fut le moment où le régiment commença son déplacement vers le Nord-Est. La 90ème division fut sélectionnée pour installer une tête de pont au dessus de la Moselle. Ceci fut considéré comme une mission majeure, car il était connu que les Allemands conservaient une formidable défense dans cette région et étaient préparés à se défendre jusqu’au dernier survivant. La ligne Maginot commençait sur la rive Est.
Suite à la traversée-assaut des 358 ème et 359 ème régiments avant l’aube du 9 novembre, le 357ème régiment traversa le même jour à l’aube la ville de Cattenom et commença sa progression à l’intérieur des terres. Les hommes combattirent malgré de terribles handicaps et contre une résistance fanatique. Les pluies abondantes avaient gonflé la rivière Moselle de plusieurs fois sa profondeur et le feu constant d’artillerie ennemie et de mortiers empêcha la construction d’un pont à travers le cours d’eau déchaîné. Tous les ravitaillements cependant devaient être transportés par bateau et ramenés à la main vers le front. Les matelas et les couvertures n’étaient pas compris dans ces ravitaillements et les hommes, trempés jusqu’aux os, passaient de misérables nuits à la belle étoile sans même un pardessus. Les coteaux boisés que les hommes devaient attaquer furent parsemés de l’une des plus grosses concentrations de la guerre en mortiers et artilleries ennemies. La plupart des obus qui explosèrent faisaient éclater les arbres, ce qui les rendait encore plus mortels. Un obus qui explose au sommet d’un arbre peut faire une escouade entière de blessés d’un seul coup, de plus le secteur régimentaire incluait toutes les fortifications de la ligne Maginot dans cette région. Bien que ces forteresses démodées tel que le Fort de Koenigsmaker soient orientées dans la mauvaise direction, elles servaient d’excellentes protections contre les mitrailleuses ennemies et contre l’utilisation des canons de 75mm.
Jour après jour, de nouveaux actes héroïques eurent lieu. Les retranchements ennemis enterrés sur les pentes escarpées des collines boisées furent envahis et les défenseurs anéantis en combats au corps à corps. L’avancée des attaquants les avait mis hors de portée des canons de soutien sur la rive Ouest de la rivière, donc la plupart des attaques furent portées sans le support de l’artillerie. Les fusils et grenades à main furent les armes, les plus utilisées dans ce combat.
Le 17 novembre, le régiment avait fait une percée entière sur la ligne de défense ennemie et se dirigea vers le Sud, puis en 2 jours resserra les rangs jusqu’à la rivière Nied aux alentours de Brecklange. À ce moment-là, l’avancée fut stoppée sur ordre. La traversée de la Moselle par la 90ème Division d’Infanterie permit au Commandant de la 3ème Armée, le Général Georges S. PATTON Junior d’en faire un éloge personnel qui fut décrit par lui comme un tour de force insurmontable réalisé par la force militaire. Après avoir profité de la dinde au dîner de l’Action de Grâce le 24 novembre, le régiment se déplaça en camions tel que des GMC vers un lieu de rassemblement au Nord-Est prés de Colmen. Ce fut dans ce lieu de rassemblement près de Neukirchen que les premiers éléments du régiment, la Compagnie A, mis pied sur le sol allemand.
Le 26 novembre, le 3ème bataillon attaqua la ville de Furweiler et rencontra une résistance obstinée ainsi que le tir de tous types d’armes. À la nuit cependant, le bataillon réussit à prendre la ville ainsi que 107 prisonniers. Furweiler fut donc la première ville allemande à être occupée de force par le régiment. Ce fut ici que le 1er feu d’artillerie des positions de la Ligne Siegfried sur la rive Est de la rivière Saar fut reçu.
La mission était maintenant de nettoyer entièrement la rive Ouest de la rivière Saar. Par conséquent, quand les autres éléments de la Division sur le flanc droit vinrent s’aligner avec le 357ème , le 29 novembre , l’avancée vers l’Est et le Sud fut reprise. Une résistance sous forme de champs de mines, feu d’artillerie nourri et infanterie de l’arrière-garde furent rencontrés, mais dès le 3 décembre, le régiment resserra les rangs sur la Saar. Durant cette opération, le plus intense bombardement d’artillerie qu’a connu le régiment, fut subi par les éléments du 1er Bataillon , lorsque plus de 200 engins explosifs s’abattèrent sur les positions de la ligne de front en moins de 16min.
La prochaine mission n’était ni un secret, ni une surprise : faire une traversée-assaut de la Saar. Sur la rive Est de ce cours d’eau rapide, commencèrent les premières casemates de la ligne Siegfried et l’opération promettait d’être une chose éprouvante. Le 1er et 2ème Bataillon traversèrent sur des barques de combat avant l’aube, le 6 décembre et avancèrent rapidement dans les terres rencontrant avec étonnement une résistance faiblement organisée. L’arrivée de l’aube vit cependant le feu des casemates ennemies à l’arrière qui avaient été contournées par les unités progressant dans l’obscurité. L’artillerie ennemie et les tirs de mortiers dirigés vers le lieu de la traversée et la tête de pont, qui tenu les 16 jours suivants, augmentèrent aussi en intensité. Bien que cette opération ne fut pas la plus coûteuse en terme de victimes, ce fut certainement la plus éprouvante au niveau des souffrances humaines et angoisses mentales. Comme pour la traversée de la Moselle, la nature n’a pas gâté les fantassins assaillants. Les fortes pluies changèrent la rive Est de la rivière en une mer de boue sur presque 1,7 km vers l’intérieur des terres. La zone entière fut littéralement pilonnée par les casemates ennemies et les avancées ne furent pas mesurées en km, mais en prise de casemates. Le problème de ravitaillement fut le plus difficile à mettre en place jamais connu par le régiment. L’idée de construire un pont à travers le rapide cours d’eau fut abandonnée après le 3ème jour en raison du feu ennemi abondant et continu sur le lieu de la traversée et de l’état de crue continue de la rivière. Durant plusieurs jours, les hommes combattirent et vécurent avec un tiers de leur ration K journalière et la seule eau pour beaucoup vint des nombreux trous d’obus et fossés. Le temps restera froid, humide et les pertes dues à la * Maladie des Tranchées * furent incroyablement élevées.L’ennemi commença la contre-attaque immédiatement dans le secteur du régiment, le flanc gauche de la Division, dans le but de retourner le flanc de la tête de pont et liquider l’ensemble des éléments d’infanterie de la Division. En dépit du fait que le 357ème régimentfut en sous-nombre avec un rapport de 3 contre 1 sans blindés et artillerie, les hommes tinrent bon et firent beaucoup de victimes parmi les fanatiques allemands. Seule une poignée de renfort arriva et le régiment s’affaiblissait de jour en jour.
Le 20 décembre, la grande contre-offensive allemande à travers les Ardennes, qui commença le 16 décembre gagna encore du terrain. Il fut évident que les Allemands concentrèrent leurs réserves dans ce but, pour leur offensive finale. Si cette poussée pouvait être écrasée, la guerre à l’Ouest s’en serait trouvée changée. Avec le flanc gauche des Allemands à seulement quelques kilomètres au Nord, la Division et leur tête de pont à travers la Saar ava it perdu son importance stratégique. Par conséquent, le 20 décembre l’après-midi, il fut ordonné de préparer le retrait vers la rive Ouest de la rivière.
Dans les premières heures le matin du 22 décembre, le régiment acheva son repli. L’opération fut tellement bien planifiée et exécutée, si bien que l’ennemi ne suspecta aucun repli. Des contre-attaques furent lancées contre ce petit << écran de protection >> durant la nuit du repli, mais une telle résistance obstinée fut démontrée par le petit groupe si bien qu’aucune indication ne parut sur les positions à moitié vides.
Cette opération fut considérée comme étant la plus éprouvante avec de vaillants combats encore jamais effectués par le 357ème .Durant ces 15 jours mouvementés, 35 casemates furent détruites, fait plus de 600 prisonniers et un total estimé à 2000 victimes du côté de l’ennemi. Chaque homme du régiment a joué sa part, aussi bien sur le front que servant de support aux combattants, qui avaient été si méthodiquement disséminés par le bombardement ennemi constant. Aussi un éloge particulier ira aux hommes de la compagnie antichar et des sections du bataillon antichar qui remplirent le vide dans les lignes pendant les derniers jours pénibles et fournirent l’écran de protection pour le repli.
Il y avait à l’époque, des rumeurs d’une concentration de soldats allemands à proximité de Merzig et une attaque vers le Sud par les Allemands n’aurait pas été improbable. Par conséquent, la Division se plaça temporairement en position défensive sur une ligne générale allant de Merzig vers le Nord-Ouest jusqu’à Beache au bord de la Moselle. Le 357ème était en réserve et revenu sur ses pas, le 22 décembre sur 40km en France dans une zone à proximité de Monneren. Des plans de contre-attaques furent préparés afin de permettre au régiment de contrer rapidement d’éventuelles pénétrations ennemies dans la ligne de la Division. Bien que la situation fut stratégique, l’avantage fut que le temps gagné permit un repos bien mérité. Des centaines de nouveaux renforts furent reçus et entrainer au combat dans le centre d’entrainement crée par la 90ème Division d’Infanterie à plusieurs kilomètres en arrière des lignes.
À Noël, chaque homme dégusta un bon dîner à base de dinde, le deuxième en 1 mois. Ce fut un jour de recueil envers les autres soldats au Nord qui eux ne furent pas aussi chanceux.
Le 5 janvier, il devint évident que la menace allemande au Nord ne se matérialisa pas. Les plans défensifs furent abandonnés et se transformèrent encore en offensive. Le régiment tournait maintenant à plein régime et était prêt à tout.