Citoyen d’honneur de la Ville de Yutz.
Voici son récit :
Albert Cardamon est né en 1914 dans l’Iowa au sein d’une famille de 10 enfants. Lieutenant Colonel du corps médical de l’armée américaine en retraite, il a fait partie des troupes du Général Patton, victorieuses à Yutz le 13 novembre 1944. Avec sa compagnie, il participa à la libération du sinistre camp de Mauthausen. Il reviendra à Yutz en 1974 pour s’y établir définitivement, aux côtés de celle qu’il prit pour épouse, le 6 février 1974 une Yussoise Elisabeth Jaeg.
Son unité est arrivée à Liverpool en Angleterre début février 1944. Elle faisait partie de la Troisième Armée Américaine sous le commandement du Général Georges S. Patton Junior. C’était un homme de discipline très strict et très exigeant, mais juste. Sa devise était d’avancer encore et toujours. Je crois sincèrement que c’est son état d’esprit, son courage extraordinaire et son sens du devoir qui a conduit la Troisième Armée à la victoire en Europe.
Le jour J du débarquement, notre compagnie qui était une compagnie d’assaut, se retrouva sur le « dur », c’est comme cela que l’on appellait la zone du dock de Southampton en Angleterre. Notre mission était de soigner les soldats qui avaient été blessés pendant l’assaut sur les côtes normandes. Nous avions donné des soins aux soldats qui furent évacués par bateaux et dont le seul personnel soignant était constitué d’infirmiers.
Dix-huit jours après le jour J, soit le 24 juin, notre unité ainsi qu’une autre de la 3éme Armée, traversa la Manche. Nous sommes arrivés dans la zone de Sainte-Mère-l’Eglise et nous avons dû marcher jusqu’à notre cantonnement à Saint-Sauveur le Vicomte, au nord de Perrier dans le Calvados. En réserve dans cet endroit, nous avons été envoyés dans un hôpital de première ligne pour soigner les blessés.
Le 24 juillet, après une attaque aérienne intense, massive et prolongée sur les positions allemandes, nous nous sommes dirigés au sud vers Rennes. Nous avons pris la seule route utilisable par les militaires. Cette percée dans la ligne allemande devint la fameuse percée d’Avranches. Inutile de dire que nous avons vu beaucoup de tués, des unités allemandes anéanties et des équipements militaires détruits sur chaque côté de la route.
Photos issues du site du Conseil de Basse Normandie / National Archives US.
Cette nuit-là, toute la compagnie campa sur l’hippodrome de Rennes. Au matin, une section fut envoyée sur Brest et l’autre, la nôtre,se dirigea vers l’est pour rejoindre l’armée du Colonel Polk Gost. Nous nous sommes intégrés au XX éme corps. Notre quartier général suivit la première section. Notre unité avait été organisée de telle manière que chaque section pouvait opérer seule comme un hôpital de 100 lits.
En route vers l’est, nous avons été bloqués pendant trois semaines dans la région nord d’Orléans, à cause d’une pénurie d’essence. De là, nous sommes allés à l’est de Verdun puis nous avons été envoyés dans les Vosges. NousNous nous sommes arrêtés près de Châtenois et là, nous étions stationnés près de l’Armée Française sous le commandement du Général Leclerc. En octobre, il a commencé à faire plus froid et la pluie tombait abondamment.
De Châtenois, nous nous sommes rendus à Audun-le-Tiche en nous arrêtant à Etain pour y recevoir un nouvel équipement. Puis, nous sommes partis, jusqu’à Hayange, Serémange, Florange et Thionville où la ville venait d’être libérée. Nous avons ensuite atteint Hettange-Grande. Nous avons établi notre hôpital dans la caserne qui est sur la route de Garche. Dix jours plus tard, nous sommes revenus à Thionville et nous avons traversé la Moselle sur un pont provisoire pour arriver à Yutz.
Quand nous avions rejoint notre zone de déploiement, Yutz était plutôt désert. Sur le terrain d’aviation, nous avions monté nos tentes, puisqu’il n’y avait pas de bâtiment pouvant servir d’hôpital. Nous avions monté les tentes , au bord de la piste. De l’autre côté, il y avait une batterie anti-aérienne de ce fait nous devions cacher les croix rouges, car la convention de Genève interdisait la protection de la Croix Rouge dans un périmètre inférieur à 1000 mètres d’une cible militaire. Notre site de rattachement se situant près de l’aérodrome devait servir d’hôpital d’évacuation par avion.
En décembre 1944 et janvier 1945, il faisait très froid à Yutz et il avait beaucoup neigé. Je me souviens qu’un jour, un gros avion qui avait été touché par des tirs allemands, avait fait un atterrissage d’urgence sur l’aérodrome de Basse-Yutz. L’appareil était durement touché et une partie de l’équipage blessé. Ilatterit sur la piste enneigée entre deux rangées de C47 dui attendaient d’être chargés de blessés qui devaient être évacuer en Angleterre.
Nous avons quitté Yutz courant janvier et avons été envoyés comme soutien dans un hôpital d’évacuation situé à l’abbaye Saint-Maurice près de Clervaux au Luxembourg. Nous y recevions les blessés de la bataille de Bastogne. La ville fut libérée par le commando B sous les ordres du Général Abrams.
Voici quelques photos de la collection privée de Mme et Mr Cardamon
Textes extraits du livre: 13 NOVEMBRE 1944, ILS ONT VECU… YUTZ LIBERE édité par l’association » Si Yutz m’était conté » et publié avec l’aimable autorisation du Président Mr Philippe BIEBER.